0METEPE, on se laisse aller...
OMETEPE
Sur le lac Cocilbolca, deux ailerons boisés brisaient la ligne d’horizon : Ometepe et ses deux volcans. Sur ce bout de terre, habitants et animaux avaient trouvé l’harmonie de la liberté. Hérons, aigrettes, et autres volatiles avaient pour habitude de s’abreuver sur les rives, à l’instar des chevaux et des vaches qui y circulaient aussi à leur guise. Pour distraire le passant, singes hurleurs, capucins ou geais à tête blanche proposaient leur show à toute heure. De village en village, les iliens offraient leur sourire à quiconque s’y aventurait. Un geste de bienvenue, un cadeau bienfaiteur. Pour circuler, quelques voitures,une infime minorité, quelques bus, des motos mais avant tout des chevaux....
Nous avons pénétré un temps aux allures de conte, tant l’ambiance y est débonnaire. Sur le bateau de l’allée, une rencontre, Gilles Émilie et leur petite Aya, 7 ans et demis de route, une rencontre évidente. Joies des feux, tristesse des adieux.
Attrapés par la paix, nous restons à sillonner le bas des collines volcaniques. Des rangs de cocotiers longent la côte et font face à la sérénité du lac qui laisse naître de jeunes vagues insolentes qui s’écrasent sur des bancs de sable gris. Jamais encore nous n’avions goûté à une eau si chaude, trop dirait Vincent, retour sur le bord, sensation d’un bain qui se remplit, frisson de plaisir. L’air silencieux n’offre aucune résistance aux cris des centaines d’oiseaux et de singes peu farouches, sur fond de tombée de soleil, filtre différent chaque soir.
ROSA a 43 ans, 6 enfants et usée par ses maternités. De rondeur et de douceur, elle nous livre des bouts d’intimité. Être femmes aux Nicaragua, brisures de soumission, frustration, captivées par les maternités précoces dans un monde adulte trop grand pour elles, elles s’y perdent. Le visage poupon et en tenir un dans les bras, une normalité. Rosa se sent néanmoins chanceuse. Luis, son mari, ne boit pas et ne le bat pas. Un constat brut mais il semblerait salvateur ici.
La journée nous a apporté son lot de palpitant, chemins défoncés et course sans fin, et d’oisiveté, coco fraîche et café glacé. Un type, bandana rouge sous casquette, élancé, le geste démesuré, nous alerte de la présence de la police au prochain carrefour ; hors être à 4 sur un quad est une excuse en or pour réclamer un billet. Sa femme arrive, loquace, partageuse de recettes et même de légumes, le faciès un peu hagard, comme si elle ne savait plus sourire. Ces deux personnages nous accompagnent sur le chemin afin de déjouer les flics. Âmes charitables. Le lendemain, nous les croisons le long d’une route, la besace débordante de plastique ramassé, maigre salaire assuré...
Des vues imprenables aux saucées déconcertantes, des nages mémorables aux randonnées suantes, à Ometepe c’est le pied, on se laisse aller.
La ruta, Cartagena, dans l’incertitude de continuer ce blog chronophage!
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