VILLA DE LEYVA
VILLA DE LEYVA
Les dernières semaines ont été épuisantes. Les Sauts de puce à répétition ont perdu de leur vigueur. Le sac à dos pèse plus lourd que son poids. Les départs nocturnes nous volent du sommeil. Pascal arrivant avec son jetlag, l’excuse est toute trouvée pour s’arrêter, recharger notre batterie de routard. Aventure en pause. Villa de Leyva s’avère répondre à nos critères de vieux backpakers fatigués.
Perchée sur la sierra, la bourgade resplendit, sa perfection coloniale éblouit, ou serait-ce sa blancheur. Rien de travers, ni les chapeaux, ni les colonnes. Le voyageur (crasseux) en sac à dos n’a qu’à bien se tenir au milieu de cette enclave bourgeoise. Lisse, on en cherche les recoins, les fissures, l’âme. Mais la vitrine est solide. Jolie mais fade.
Une échappée pédestre avortée, la pluie jouant toujours le rôle de l’invitée surprise, on retente notre chance et on s’enfonce dans les montagnes humides. Un panneau de bois déformé annonce au milieu de rien la vente de cerveza y gaseosa. Un petit homme, en effet, nous salue par delà ses plants de petits pois. Perdu dans sa solitude depuis une quinzaine d’années, il édulcore sa monotonie en conversation, ou plutôt en monologant avec le randonneur assoiffé. Sa cahute bancale abrite un lit de fortune et les déchets générés par sa vente de boisson. Sa tenue, sûrement unique, usagée, son visage flétri contrastent avec la fraîcheur de son large sourire et son chapeau de cuir irréprochable.
Plus loin, la terre se creuse à chaque torrent de pluie, tel un château de sable attrapé par la marée. Paysage lunaire, cinématographique. Mais, vite! On distingue des trombes d’eau qui se dirigent vers nous, il nous faut rebrousser chemin.
A Villa de Leyva, on manque de chaleur. Les espaces sont vides, ouverts mais vides, comme si le tourisme n’existait plus. On voudrait entendre les rires qui rebondissent d’un patio à l’autre, les cris des serveurs débordés, les verres qui trinquent, les chamailleries enfantines. Rideau. Le clac des gouttes sur les pavés reluisants. On manque de chaleur.
Allez une petite saucisse pour la route ?
Los mochileros, à 5 semaines du retour!
Et merci pour vos petits messages!!
Besos